suite de notre "gars de Trégunc" à bord de l'Alcmène
l'ouvrage sera disponible aux Quat'Sardines dès la semaine prochaine
Le lendemain 3 décembre, le sorcier Dindi revêtit sa parure de guerre. Tandis qu’à bord du canot et sur la plage les Français s’apprêtent à appareiller vers Koumac les Kanaks, plus de cent, forment un cercle et assaillent l’équipage à coups de pierres et lances. En quelques minutes le canot n’est plus qu’un champ de carnage douze cadavres flottent sur l’eau. Seuls trois marins restent en vie, nettoyant le canot ils se sont jetés à l’eau et réussissent à s’enfuir jusqu’à terre. Yves Le Marrec, Etienne Hervé et Benjamin Laffitte sont repris par les kanaks.
Mais déjà sous la forêt les femmes préparent les grands feux, aux Belep, Yandé et aux gens de Tanlo on distribue les cadavres. Le lendemain du repas cannibale qui se déroule dans l’Ile, le sorcier Dindi conserva le cœur du Chef des Etrangers pour servir aux sacrifices afin que sa tribu demeure toujours la plus forte.
Et nos trois rescapés ? ils sont « adoptés » par les Chefs Kanaks Pouanadoun et Noou, en réalité ils deviennent leurs esclaves. Soignés tant bien que mal avec des herbes et plantes, ils craignent à tout moment de subir le sort de leurs camarades.
La nouvelle du massacre fut vite connue et le Commandant d’Harcourt de l’Alcmène décide d’armer un nouveau canot qui a pour mission de rechercher d’éventuels rescapés. Le 11 décembre 1850 l’expédition appareille, à la rame vers le Nord de la grande Terre.
A proximité de Yenghebane le canot aperçu une troupe de plus de 200 Indigènes lance à la main couronnant les hauteurs et descendant vers la plage au milieu d’eux un blanc le bras en écharpe notre Gars de Trégunc Le Marrec qui se précipite à l’eau vers le canot. L’affrontement avec les kanaks ne paraît pas souhaitable, les deux derniers blancs sont encore avec les Indigènes. Après quelques coups de mousquetons en l’air les Kanaks se retirent en abandonnant Lafitte blessé aux jambes et Hervé blessé au visage. Le Marrec quant à lui déjà récupéré il a eu la main transpercée par une lance, tous seront soignés par le Médecin de la Corvette.
Par la suite il témoignera du décès de ses compagnons tués par les Kanaks à, Yenghebane sur les actes rédigés par le Commissaire du bord Bernard, il déclarera ne pas savoir signer son Nom.
Le 13 décembre 1850, Alcmène récupère ses canots on crie vengeance, les représailles n’allaient pas tarder. Du 16 au 22 décembre les marins brulèrent villages et plantations les perriers lançaient des mitrailles sur les foules. Après ces tristes évènements le Commandant de l’Alcmène décide de ne plus poursuivre sa campagne d’hydrographie.
Le 2 Janvier 1851 la corvette fait route sur Hobart en Tasmanie ou le 24 du même mois elle salua de 21 coups de canons le pavillon Anglais. Le 22 Mai 1851 L’Alcmène appareille de Hobart à destination de Whangaroa sur la côte EST de l’Ile Nord de la Nouvelle Zélande
Dès les premiers jours de la traversée le vent forcit la mer est forte, l’ouragan est proche.
Le 3 Juin après une nuit sans fin une nuit « d’agonie » dira le Commandant, la tempête est à son maximum, devenue jouet des vagues la corvette « masqua », le choc fut épouvantable au 3ème coup de talon elle ne se releva pas et resta définitivement dans le ressac de la côte Nord-Ouest de l’Ile Nord de la Nouvelle Zélande.
La côte est à moins de 300 mètres, plusieurs matelots se jettent à l’eau pour tenter de rejoindre la plage la plupart seront emportés dans les rouleaux et noyés ou dévorés par les requins.
(Anonyme naufrage Alcmène)
Et puis un espoir on s’aperçoit que la marée descend et que maintenant le bâtiment est pratiquement au sec. Le Marrec et ceux qui sont restés à bord regagnent la plage par un va et vient et se réfugient dans des abris précaires. Il faudra trois semaines aux 211 rescapés après de nombreuses péripéties pour trouver du secours à Auckland après avoir parcouru plus de 250 Km.
Le 1er Août 1851 l’Alexander va rapatrier les naufragés sur Tahiti ou ils arriveront le 20. Le 6 novembre 1851 la corvette La Sérieuse embarquera 167 marins, sur rapport du conseil médical Le Marrec fait partie de ce groupe de rapatriés. Après escale à Valparaiso au Chili et à Bahia au Brésil LaSérieuse entre en rade de Brest le 6 avril 1852.
Pour les survivants l’expédition a duré trois ans et neuf mois, tous seront libérés le 16 mai 1852, faute d’argent la plus part d’entre-eux furent contraints de faire route à pieds pour regagner leur foyer.
suite au prochain épisode ...